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La mémoire de Saghir

Abdelkarim Belkassem, Editions Thot, 2019, 406 p., 22€.

Nous avons récemment présenté le livre Amina Zouri : une histoire du Maroc du même auteur, récit romancé de sa généalogie familiale, côté maternel. Cette fois avec La mémoire de Saghir, il s’agit du côté paternel. Le livre comme dans l’œuvre précédente décrit la vie quotidienne du peuple marocain dans une période commençant un peu avant la colonisation pour aller jusqu’aux premières années après l’indépendance. Avec un regard anthropologique, une empathie empreinte d’ironie et d’attitude critique, l’auteur montre avec finesse les rouages des petits pouvoirs dans la partie défavorisée de la société marocaine, la précarité alimentaire, l’analphabétisme, la corruption, la réalité et la psychologie du fonctionnement religieux, et le haram, c’est-à-dire les choses interdites mais qui furent omniprésentes : l’alcoolisme, la prostitution, l’addiction à la drogue. Le livre qui décrit l’engagement militaire des Marocains lors des deux Guerres Mondiales et les injustices sociales et culturelles, aussi bien pendant l’époque coloniale qu’après l’indépendance, s’achève sur une note de dangereuse désespérance.

HPL