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Appelons un chat, un chat

Françoise Nore, Les Éditions de l’Opportun, 2021, 282 p. - 14,90 €

À juste titre, Françoise Nore ne supporte pas cette façon actuelle de maquiller la vérité et de trouver des édulcorants pour nommer la réalité. Elle nous donne une consigne « Appelons un chat, un chat ! et remettons le dictionnaire au milieu du village ! ». C’est avec un rare bonheur qu’elle traque tous ces mots de remplacement dictés par le politiquement correct, la flatterie, la prétention héritée d’une redoutable préciosité. Elle collectionne tous ces masques du vrai qui encombrent la littérature, les journaux, la télévision, la publicité etc. Quelques exemples : pauvre fait peur, il devient fragilisé ; la mort aussi, qui disparaît sous départ, décès et… disparition. Famille décomposée et recomposée dénonce ou annule un ou deux divorces. Professeur des écoles promeut l’instituteur ; la campagne de sensibilisation n’est pas autre chose que la propagande et le plan de modernisation ou social, un licenciement massif. Le trafic de drogue se travestit en économie parallèle, l’insécurité voile l’agression et le viol et le grand frère peut déguiser le caïd de banlieue. Bref, les circonlocutions, les expressions compatissantes, les atténuations teintées de lâcheté, de pitié pour le coupable et non pour le criminel altèrent la justice, la vie sociale, tandis que la prudence exagérée oblitère la vie pleine de vigueur et de bonne santé. François Nore a bien raison. Vive Rabelais, vive la verdeur de son langage !

J.Dh.