Campagne d'Italie : 1796-1797 : de Nice à Leoben, autopsie de la première campagne de Napoléon

Michel Molières, Éditions Pierre de Taillac, 2020, 800 p. – 29,90 €

Le très jeune Bonaparte est déjà un génie à vingt-huit ans, nous le savons tous, mais le livre, extrêmement bien documenté, nous fait entrer dans le détail de cette extraordinaire campagne. Avec une petite armée, mal équipée, peu disciplinée et, au départ, démoralisée, il va affronter les armées que l’Empereur d’Autriche va envoyer pour chasser les « Républicains ». Très rares sont les ouvrages où la tactique et la stratégie sont aussi clairement détaillées. Le lecteur n’ignorera rien des multiples manœuvres, en marchant et en tirant, des divisions du jeune général et de ses aînés Masséna et Augereau, et bien d’autres chefs. Constamment dans l’action, plus rapide, plus audacieux mais aussi plus calculateur, le génie entraîne. Les échecs – il y en a – sont effacés par les succès du lendemain. Des légendes, comme celle du pont d’Arcole, sont ramenées à la réalité, des exploits inconnus – de moi en tout cas – sont révélés. Un livre à boire à petites doses, en se rapportant aux croquis bien faits, sauf si on est Lombard ou Toscan... Tout dans le mouvement, von Manstein avec ses arabesques audacieuses sur le font de l’Est pendant la Seconde Guerre, avait dû étudier cette campagne, comme les officiers avaient l’habitude de le faire. La manœuvre reste d’actualité avec les armées réduites du XXIe siècle. L’art de commander tant de forces en mouvement (avec les moyens de liaison de l’époque), comme l’intelligence de ses relations politiques et stratégiques avec le Directoire, sont ainsi remarquablement décrits et commentés.

Dominique Delort