La fabuleuse histoire du Grand prix des Nations (1932-2004) et du Chrono des Nations (à partir de 2006)

Didier Béoutis,préface de Jacques Augendre, Serge Laget, Jean-François Quénet, Christian Tessier ; éd. I.T.F.-Mulsanne, 2020, 286 p., 25 €

Didier Béoutis ne nous surprend pas en publiant, en 2020, son annuel ouvrage cycliste, mais, là où il nous étonne, c’est qu’il s’agit, non pas d’une biographie de coureur, mais de l’histoire d’une compétition, en l’occurrence le Grand prix des Nations. Quelle course ! 142 km en solitaire, « contre la montre », de Versailles à Paris, en passant par les redoutables côtes de la vallée de Chevreuse ! L’impitoyable « épreuve de vérité » de l’automne, créée en 1932, ne pouvait que consacrer d’authentiques champions, comme Antonin Magne, Fausto Coppi, Louison Bobet, Jacques Anquetil -neuf fois vainqueur en neuf participations-, Raymond Poulidor, Felice Gimondi, Eddy Merckx ou Bernard Hinault. Ce n’est pas « La vie des douze Césars » de Suétone, que nous raconte l’auteur, mais « La vie des 72 Nations » de l’automne…

142 km, c’était trop demander à des coureurs, à partir du mitan du XXème siècle ! Pour attirer les candidats, les organisateurs réduisirent -sans grand succès- l’épreuve à 100, puis 73, puis 56 km, pour finalement la supprimer après 2004, faute de coureurs de haut niveau au départ. Histoire d’une déchéance, la « classique » de l’automne tombait dans un hiver définitif... Le label « Nations » fut alors accordé, en 2006, au « Chrono des Herbiers », une belle course contre la montre en Vendée. Le mont des Alouettes succéda aux côtes de la vallée de Chevreuse, et Tony Martin à Jacques Anquetil... On pourrait parodier Paul Valéry en écrivant : « Nous autres Grands prix des Nations, nous savons maintenant que nous sommes mortels !» Mais en attendant, que d’exploits, de drames, de joie et de nostalgie dans le déroulé de ces 72 éditions des « Nations »…

Alfred Gilder