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L'Année de Lattre en Indochine (1951)

Michel Gay, préface de Régis de Miol-Flavard, Editions de l’Officine, 235 p. - 15.30 €

Les relations entre la France et le Vietnam sont encore faites d’amours contrariées et de passions. Ce pays a incontestablement séduit tous ceux, qu’ils fussent civils, administrateurs ou militaires,  arrivés dans cette contrée. Ils en ont goûté toutes les saveurs, depuis ses paysages, son art de vivre et ses habitants. Michel Gay est de ceux-là.  Et pourtant, ce jeune soldat ne pouvait imaginer qu’il serait une de ses victimes. Engagé volontaire, il se trouva jeté dans celle que l’on a appelé « la guerre d’Indochine ». C’est à cette époque qu’il croisa le futur maréchal de France, Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952), nommé commandant en chef du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. Atteint malheureusement par la maladie « le Roi jean » devait décéder en janvier 1952. À quelques semaines près Michel Gay était blessé au Tonkin et fait prisonnier par le Viet Minh. On connaît le calvaire de ces soldats jetés dans la jungle dans des conditions atroces. Michel Gay y resta trente mois avant de parvenir à s’en  évader. Rien ne put arrêter cet homme de devoir. Après « l’Indo », il servit au Sénégal puis au Tchad. Il quitta l’armée en 1967, âgé de 35 ans, titulaire de la de la médaille militaire et de la croix de guerre. Il est aujourd’hui officier de la Légion d’honneur.

À son retour en France, il fréquenta l'Académie et les Beaux-Arts et organisa à Lille un groupement d’antiquaires et de galeristes. Mais, dans son esprit, il ne pouvait abandonner l’Indochine et surtout son chef : de Lattre. Il lui a consacré, non pas une biographie, mais un essai sur sa présence dans ce bourbier asiatique. Avec intelligence, Michel Gay a composé un livre qui replace cet épisode dans son contexte ;  livre certaines confidences tactiques et politiques. Oui, le « Roi Jean » aurait pu gagner et apporter la paix, du moins calmer les esprits, sans les politiques qui l’ont lâché en même temps que la maladie.  Michel Gay en est convaincu, la Fondation  Maréchal de Lattre ne s’y est pas trompée en lui décernant son prix.

Bertrand Galimard Flavigny