Un homme en guerres, voyage avec Bernard B.Fall
Hervé Gaymard, Ed. Équateur, 250 p., 21 €.
Nous nous souvenons de ce volume sous couverture bleue, paru dans la collection « J’ai lu », intitulé Guerres d’Indochine, sous-titré : France 1946-1954, Amérique 1957. Son auteur, un certain Bernard Fall. « C’est le livre qui l’a fait connaître aux États-Unis en 1961, et son œuvre la plus accessible pour les non-spécialistes », explique Hervé Gaymard qui vient de lui consacrer, non pas une biographie, mais une enquête très personnelle. L’ancien ministre pétri comme beaucoup de l’histoire de l’Indochine, découvrit que ce Bernard Fall (1926-1967) qu’il pensait être Américain, était Français. En réalité, adolescent, il avait fui les persécutions juives des nazis, depuis l’Autriche où il était né. Dans ce récit, attachant et fortement documenté, l’ancien ministre, s’est attaché à Fall, comme à un frère d’armes, le suivant pas à pas, depuis Vienne, jusqu’à « la rue Sans joie » où il tomba, en passant par l’Ukraine, Nice, la Savoie et Washington. Il le retrouva en Savoie dans la Résistance chez les FFI, puis dans l’armée régulière, au procès Nuremberg comme traducteur. Naturalisé français en 1946, étudiant à la Sorbonne, il obtint une bourse pour se rendre aux États-Unis. Ses maîtres l’incitèrent à étudier le Viêt-Nam. Il en devint le meilleur spécialiste de ses conflits. Il faut rendre hommage à Hervé Gaymard d’avoir ainsi éclairé cet universitaire-reporter de guerre.
Bertrand Galimard Flavigny