HISTOIRE DE L’ASSOCIATION DES ÉCRIVAINS COMBATTANTS
Didier BÉOUTIS
L’Association des Écrivains combattants (A.E.C.) a été créée le 19 juin 1919 par quatre-vingt hommes de lettres, mobilisés durant la Grande Guerre, et rescapés de celle-ci. L’objet de l’association était la suivante : « entretenir le culte du souvenir des camarades tombés au champ d’honneur, maintenir et resserrer les liens de camaraderie entre écrivains combattants, défendre leurs intérêts professionnels ». Parmi les membres fondateurs, on trouve Roland Dorgelès, Maurice Genevoix, Claude Farrère, Pierre Mac Orlan, et Henry Malherbe qui en sera le premier président.
L’Association publie, dès sa création, un bulletin périodique, le Bulletin des Écrivains combattants, et organise des manifestations diverses (ravivage annuel de la Flamme à l’Arc-de-Triomphe, réunions périodiques, prises de positions diverses pour la défense et le rayonnement du monde combattant, aides sociales aux écrivains combattants), tout en veillant à la mémoire des morts et aux intérêts des survivants qui n’ont pu publier pendant ces années de conflits.
L’A.E.C. procède au recensement des « écrivains morts pour la France ». Elle en retient 560, dont Charles Péguy, Alain-Fournier, Louis Pergaud, Guillaume Apollinaire, Ernest Psichari, Jean de La Ville de Mirmont, Émile Driant, Victor Segalen, Jean Maspero, Augustin Cochin, et de nombreux jeunes hommes ayant déjà publié, mais sans avoir eu le temps d’accéder à la pleine notoriété. Ces 560 écrivains firent l’objet de notices réunies en une Anthologie des écrivains morts pour la France, en cinq tomes (plus de mille pages), publiés entre 1924 et 1926.
En décembre 1925, l’A.E.C. organise à Paris, l’Après-midi du Livre combattant qui constitue le premier « salon du livre » existant, et dont le bénéfice permet de financer des aides sociales. Cette manifestation, très réussie, qui verra la présence de plusieurs Présidents de la République, sera renouvelée les années suivantes, et elle est toujours organisée. Le 15 octobre 1927, furent inaugurées, sur les murs intérieurs latéraux du Panthéon, par le Président de la République Gaston Doumergue, de grandes plaques portant les noms des « 560 ». Depuis lors, chaque année, l’A.E.C. en novembre, organise une cérémonie devant les plaques du Panthéon, en y associant de jeunes scolaires.
En 1928, sur la demande de l’A.E.C, la Ville de Paris créé, dans le quartier de la Muette, un « square des Écrivains combattants morts pour la France », dans le cadre d’une opération de lotissement, sur un terrain laissé libre par le dérasement des fortifications. Les années trente marquent une nouvelle progression pour l’A.E.C. : juste avant d’avoir été reconnue d’utilité publique par décret du 28 juillet 1931, l’association avait créé, dans l’Hérault, en juin, la « forêt des anciens combattants », en faisant planter sur un terrain dévasté par des inondations, 10.000 cèdres ! Une grande croix centrale et des allées au nom d’écrivains combattants de la Grande Guerre, puis du Second conflit mondial, perpétuent le souvenir de ces hommes et femmes de lettres qui ont donné leur vie pour la France et les libertés.
Après s’être mise en sommeil pendant le Second conflit mondial, l’A.E.C. a repris ses activités à la Libération, recensant 197 combattants et résistants morts pour la France entre 1939 et 1945 (parmi eux, Antoine de Saint-Exupéry, Paul Nizan, Victor Basch, Pierre Brossolette, Marc Bloch, Georges Mandel, Jean Zay, des femmes comme Bertie Albrecht ou Émilie Tillion). Des plaques en leur honneur ont de nouveau été installées au Panthéon, inaugurées par le Président de la République Vincent Auriol, le 2 juillet 1949. De même, une Anthologie des écrivains morts à la guerre de 1939-45 a été publiée, préfacée par le maréchal Juin. Depuis lors, sous plusieurs présidents successifs -Pierre Chanlaine, 1944-69 ; Jacques Chabannes (1970-90) ; Erwan Bergot (1990-93) ; Michel Tauriac (1994-2010) ; Jean Orizet (depuis 2010)-, l’A.E.C, qui accueille maintenant, en son sein, outre les écrivains combattants, ceux qui mettent en avant les valeurs patriotiques, poursuit ses activités en publiant une revue périodique et des ouvrages, en organisant l’Après-midi du Livre et autres manifestations, notamment au Panthéon, et en attribuant, chaque année, plusieurs prix littéraires. L’A.E.C. est particulièrement attachée aux jeunes scolaires, les associant de façon active, à ses manifestations. En septembre, elle publiera un ouvrage J’aime la France, expliquant, de façon ludique aux jeunes, pourquoi et comment aimer leur pays…