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In Memoriam : André Auberger

Nombre d’auteurs, journalistes, rédacteurs, ont déjà évoqué le parcours extraordinaire d’André Auberger, Grand Officier de la Légion d’honneur, Médaillé militaire, décédé au mois d’août 2022, dans sa quatre-vingt-cinquième année : sa très grave blessure en Algérie, le 6 mars 1962, sa reconstruction physique et morale au Val de Grâce, puis par sa pratique intensive du sport, ses mandats électifs, à Tours, comme conseiller puis adjoint au maire,

ses 27 années de présidence de la Fédération Française Handisport, son rôle de fondateur, puis président du Comité paralympique et sportif Français, et enfin ses fonctions de président de La FPGIG, la Fondation des plus grands invalides de guerre.

Ce parcours est aussi unique qu’impressionnant.

Mais le plus remarquable, au-delà de ces titres et responsabilités hors normes, c’est l’homme singulier qu’était André Auberger, qui émeut et surprend, tant ses qualités personnelles sont rares, d’une excellence et d’un niveau peu souvent égalés.

Quelques mois avant son décès, il m’avait dit, je cite : « qu’il commémorait l’anniversaire de ses soixante ans de fauteuil roulant, qui correspondaient à 56 ans de bonheur ». Comment ne pas être frappé et touché au cœur par de tels propos, emprunts d’un optimisme et d’une humilité peu communs, après tant de responsabilités exercées et d’aventures vécues, douloureuses ou exaltantes.

Je l’ai rencontré, il y a quelques années seulement, quand, préfet, représentant de l’État, je suis devenu administrateur de la FPGIG. J’ai été immédiatement, puis durablement impressionné par sa profonde modestie, étonnante quand on prend conscience de son parcours, par son humanisme, son charisme, par ses engagements et sa disponibilité au service des causes qu’il défendait avec une obstination et une créativité exceptionnelles.

J’ai 42 ans de services publics, militaires puis civils, dans des fonctions les plus diverses. De ce fait, j’ai eu l’occasion, pour ma plus grande satisfaction, car il s’agit-là d’une réelle chance et d’une permanente source d’épanouissement, soit de me trouver sous l’autorité de chefs du meilleur niveau, soit, à l’inverse, de diriger et d’être entouré de collaborateurs de haute qualité, à la richesse humaine exceptionnelle et au talent professionnel incontestable et reconnu par tous.

Toutefois, je n’ai presque jamais rencontré une telle conjugaison de valeurs personnelles que celles qu’incarnait au quotidien André Auberger.

Il se faisait en effet une haute idée du service des autres, en premier lieu au bénéfice de ceux placés en situation de handicap et des causes éminentes qui étaient les siennes, en particulier dans les domaines du handisport et du paralympisme. J’avais pour lui une considération et une admiration rarement éprouvées dans mes rencontres antérieures, que je n’affichais qu’avec discrétion, mais que toutefois il percevait. Sa réponse était de partager ensemble, avec pudeur et retenue, une grande confiance et une amitié aussi sincère que profonde. Sa disparition m’a été un très grand chagrin, avec la sensation intime d’avoir perdu un être proche et irremplaçable, sentiment partagé par tous ceux qui l’ont connu et qui auront eu le grand privilège de le seconder, de près ou de plus loin, dans ses combats personnels et institutionnels.

Il laisse autour de lui un grand vide et d’unanimes regrets. 

Patrice Molle, Préfet Honoraire, représentant le ministère de l’Intérieur à la FPGIG