André Tardieu, l’incompris
Maxime Tandonnet, éd. Perrin, 2018, 352 p., 23,50 €
Haut fonctionnaire -connaissant donc bien les rouages de l’État-, Maxime Tandonnet nous fait, dans cet ouvrage bien documenté et bien rédigé, un portrait véridique et saisissant d’un homme qui avait souvent raison, mais qui fut trop peu entendu, dans l’atmosphère particulière de cette IIIème République finissante. Parmi les personnalités politiques de la IIIème République, André Tardieu (1876-1945) occupe une place originale. Combattant de la Grande guerre, journaliste, député, collaborateur de Clemenceau, puis de Poincaré, président du conseil à trois reprises entre novembre 1929 et mai 1932, celui que Léon Daudet appelait « le Mirobolant » a tenté de moderniser la France, favorisant notamment l’électrification des campagnes et la construction de grandes infrastructures. Ses qualités de visionnaire lui ont, sans doute mieux que d’autres, fait comprendre le péril hitlérien (il sera l’un des rares qui n’approuveront pas les accords de Munich), et la nécessité d’un pouvoir fort, tout en respectant la démocratie. Plusieurs de ses propositions de réforme de l’État, exposées dans ses écrits, seront reprises plus tard, dans la constitution de la Vème République. L’incompréhension qu’il reçut de la classe politique conduisit Tardieu à se retirer de la vie publique, après avoir dénoncé les dérives de la IIIème République.
Didier Béoutis