Cinq prières d'Hémon à la nuit dessus Thèbes
Jean A. Massard, Maintien De La Reine, 2019, 12 p., 9 €
l n’est point si courant de lire un recueil de poèmes dont le titre même est un alexandrin et dont les titres des (courts) chapitres, sont des impératifs en italien : Corre (court), Spera (espère), Morde (mords), Dorme (dors), Spira (respire).
Hémon, fils de Créon, roi de Thèbes, et d’Eurydice, est un prince thébain dont Sophocle a fait le fiancé d’Antigone.
Ce poème en cinq chants, écrit dans une langue belle et oraculaire, pourrait-être – mais peut-être me trompai-je – du tout au tout – un long cri d’amour d’Hémon pour Antigone, une évocation sensuelle de la nièce de Créon : Tes seins dedans le noir caressés par la nuit ou encore Tes hanches dedans la nuit, tes hanches dans la nuit que les mains de l’effort caressent odorantes.
L’amant dit à l’aimée : Tu es souveraine de mon tout petit cœur ; il lui dit : tourne, mors, claque ; il lui dit : Et bonne nuit Petite fille. Il lui dit encore : Puisque loin de mes nuits s’essouffle ma rancœur… Je n’aimerais te voir que sous la fièvre d’or.
On aura noté que le poète s’exprime surtout par l’alexandrin, parfois disloqué, le plus musical et le plus équilibré de notre prosodie.
Un recueil précieux dans une élégante présentation.
Pour finir par un alexandrin : « Et la valeur n'attend point le nombre des années », Jean Massard n’a pas 19 ans.