Pour Hannah
Dominique Henry, Pocket, 2018, 416 p. – 7,60 €
D’abord, un avertissement primordial pour le lecteur de ce livre de Dominique Henry « pour Hanna », supporter l’insupportable et froide description de toutes les horreurs des tortures infligées dans le camp de concentration d’Auschwitz avec « cette incapacité, selon Hanna Arendt, de distinguer le bien et le mal quand tous les repères ont disparu ». Sarah l’héroïne victime y est déportée avec son mari et ses deux jumeaux. La benjamine de 6 mois est la seule rescapée de la rafle, ses grands frères ayant eu le temps de la cacher sur le toit de leur maison. C’est sur cet espoir insensé et irréductible de retrouver son bébé que Sarah tente de survivre en lui écrivant sur un petit carnet caché comme son plus précieux bijou, son amour. Ce roman documentaire livre le vécu de deux personnes que tout oppose dans l’univers clos du camp : un médecin psychiatre chargé des gardiens et cette maman anéantie. On retrouve dans ce livre ce qu’Albert Camus célébrait dans le témoignage de Béatrice de Toulouse-Lautrec – j’ai eu 20 ans à Ravensbrück –, « un tour de force ou de grâce, pour garder l’amour de sa vie ». Reste pour moi une interrogation sans réponse, qui ou quoi a poussé cette hôtesse de l’air à 40 dans sa quarantaine à s’investir à ce point dans cet univers concentrationnaire ?